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Compte rendu de lecture : Le 11 novembre 1918

Dossier : revue l’Histoire (novembre 2008)

samedi 8 novembre 2008, par Corine Budde

  Compte rendu de lecture du dossier de l’Histoire : Le 11 novembre 1918

Résumé de 3 articles du dossier

 Chronique d’une journée qui fit le siècle par Bruno Cabanes, professeur à l’université Yale (Etats-Unis)

Au petit matin du 11 novembre 1918, la rumeur circule dans les tranchées que l’armistice est signé. La nouvelle officielle ne parvient que très tardivement sur le front où les soldats continuent à se battre. En fin de matinée, il ne s’agit plus d’une simple rumeur, c’est confirmé ! ça y est c’est terminé ! C’est la joie, parfois l’angoisse, la stupeur, la crainte que ceux qui se trouvent en face ne soient pas avertis ; Mais oui ! ils sont au courant ..les combattants peuvent entendre les clairons allemands qui répètent le « cessez-le feu ». Selon l’auteur, la joie ne peut être clairement exprimée tant la mort et le deuil font partie de l’atmosphère. Certains ressentent de la haine à l’égard de l’ennemi, une aspiration à la vengeance.

Retour au mois précédant : octobre 1918 : les négociations d’armistice sont engagées, les troupes allemandes se retirent en saccageant tout ce qui se trouve sur le passage de leur retrait : les galeries des mines dans le nord de la France sont noyées, les ponts, les routes dynamités dans le but de ralentir la progression des Alliés. Dans les campagnes, les Allemands pratiquent la tactique de la terre brûlée, ne laissant aucune culture sur leur passage. Les populations des villes de Douai ou Cambrai avaient été évacuées de force dès le mois de septembre livrées à elles-mêmes, sans vivres, sans toit, entraînant un traumatisme du fait de la séparation des familles, de l’abandon du domicile très souvent pillé par les troupes allemandes. Selon Bruno Cabanes, tout cela « prend valeur de viol ». Les dernières semaines de la guerre sont donc marquées par une extrême violence. L’Etat major allemand n’a plus les moyens de modérer ses troupes et de maintenir la discipline. Dès le début du mois d’octobre le chancelier allemand Max de Bade prend contact (par l’intermédiaire de la Suisse) avec Wilson, président des Etats-Unis. S’en suivent de nombreux échanges épistolaires diplomatiques qui précisent progressivement les conditions de la paix. A la fin du mois, l’Allemagne est obligée d’accepter les conditions proposées par les Américains. Et c’est à ce moment là que les autres pays alliés sont impliqués dans les conditions de l’armistice. Ce sont les 14 points de Wilson qui servent de base aux discussions des pays alliés.

Début novembre, les Allemands ont l’espoir de pouvoir négocier les conditions d’armistice avec les Français. Dans la nuit du 7 au 8 novembre, des émissaires allemands passent la ligne de front dans le département de l’Aisne et sont conduits par train spécial dans la forêt de Compiègne ; ils sont alors introduits, à Rethondes, dans un wagon (transformé en bureau) dans lequel se trouve le maréchal Foch. 72 heures sont données aux allemands pour accepter les conditions transmises. Le 9 novembre, l’empereur allemand Guillaume II abdique ; la république est proclamée. Les Allemands finissent par signer en obtenant qu’ils livrent moins d’armes que prévu et le délai de retrait au-delà du Rhin est rallongé. L’armistice est signé à Rethondes (dans le wagon de Foch) à 5 heures du matin. L’armistice entre en vigueur à 11 heures.

En Allemagne (dans le contexte de crise politique), la nouvelle passe presque inaperçue. A paris, la population est fébrile, des cortèges se forment ; en province, on relève des scènes de joie dans les rues ; même ambiance à New York où on illumine à nouveau la statue de la liberté. Les autorités politiques alliées tentent de transformer l’émotion collective en élan d’unité nationale en prononçant des discours officiels. A l’arrière, les familles endeuillées se sentent retranchées des cérémonies officielles ; elles n’ont pas l’esprit aux réjouissances.

 Le dernier voyage du soldat inconnu de Jean-Yves le Naour, professeur en classes préparatoires

L’idée de « panthéonisation » (pour reprendre l’expression de l’auteur de l’article) d’un soldat inconnu est née en 1916. Dès l’armistice plusieurs projets sont envisagés. Finalement, c’est l’Angleterre qui donne le ton en octobre 1920 en "enterrant" un soldat inconnu dans la cathédrale de Westminster. La France souhaite célébrer le 11 novembre 1920 le cinquantenaire de la III° République (avec retard) en portant le cœur de Gambetta au Panthéon (ce qui permet de boucler l’histoire commencée en 1870 avec la défaite de la France face à la Prusse et la victoire de la France face à l’Allemagne de 1918). Le 2 novembre, le conseil des ministres (sous la pression de l’opinion publique) accepte de coupler cette cérémonie avec celle d’un soldat de la guerre de 14-18.

La polémique, quant au lieu où reposera le soldat, fait rage. Pour beaucoup, le panthéon n’est pas le lieu le plus adapté. C’est l’Arc de triomphe qui est choisi (le 8 novembre). On amène à la citadelle de Verdun 9 cercueils contenant des dépouilles prélevées sur les différents champs de bataille. Il y a des doutes sur la nationalité d’une des dépouilles et donc on en retient 8 le jour de l’élection. Il semble aussi selon l’auteur, que les dépouilles des tirailleurs sénégalais aient été retirées. . Finalement le 10 novembre le choix est porté sur l’un des cercueils (le 6°) (choisi par le caporal Thin) qui fut transporté en convoi ferroviaire jusqu’à Paris pour être ensuite le lendemain inhumé sous l’arc de triomphe.

 Le retour de l’Alsace-Lorraine de Jean-Noël Grandhomme , maître de conférence à Strasbourg

Le 11 novembre 1918, en Alsace, la joie est mêlée à la gravité mais aussi à la révolte contre les Allemands bien que l’Alsace-Lorraine fut déclarée territoire autonome depuis le 5 octobre de la même année dans le but de choisir de devenir officiellement un Etat de l’Empire. Mais c’est bien trop tard. L’esprit anti-allemand l’emporte et l’on en finit sur place avec tout ce qui peut rappeler la « dictature » allemande ; la statue de Guillaume 1 er en face du palais impérial à Strasbourg est déboulonnée le 9 novembre. La République d’Alsace-Lorraine est proclamée. Finalement le 21 novembre c’est le drapeau tricolore qui flotte sur le clocher de la cathédrale de Strasbourg. Les allemands évacuent le territoire entre le 11 et le 17 novembre. Le 5 décembre,il est rattaché officiellement à la France, dans la même semaine, le président de la République Poincaré et le président du conseil, Clemenceau sont accueillis en grande pompe. C’est le traité de Versailles de juin 1919 qui officialisera le rattachement. Pourtant, passé le premier moment d’euphorie, il n’est pas facile d’effacer 48 ans de rattachement à l’Allemagne d’autant que l’Alsace bien plus que la Lorraine avait trouvé sa place dans le Reich, la germanisation s’est effectuée dans les écoles, dans l’administration et dans l’armée ; la langue française est parlée par une minorité. Le retour à la France ne fut guère facile. A cela il faut ajouter la présence sur place de nombreux immigrés allemands qui doivent partir. Un « malaise alsacien » voit le jour du fait des décalages culturels (linguistique et religieux).