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Témoignage de Pierre Schillio, ancien déporté

vendredi 6 décembre 2013, par Corine Budde

Mardi 3 décembre, Pierre Schillio, ancien déporté dans les camps d’Auschwitz-Birkenau, Varsovie et Dachau, a accepté de nous rendre visite pour livrer son témoignage des deux années qu’il a passé dans les camps de déportation. Mr Schillio fut le plus jeune déporté à Dachau. En effet, il avait seulement 13 ans au moment de son arrestation en 1943. Toute sa famille fut déportée. Seuls lui et son père ont survécu.

En août 1943, un capitaine de la Kommandantur est assassiné à Neuilly ; la famille Schillio fait partie des familles d’otages arrêtées en représailles et conduites aussitôt à Drancy. De là, les prisonniers allaient tous partir dans le convoi N° 59 à destination de "Pitchipoï" ; c’est ainsi qu’ils disaient .. cela signifiait "nulle part".

Après deux jours de trajet ils arrivent à Auschwitz-Birkenau, un des camps d’extermination polonais..Et deux mois plus tard, Pierre et son père font partie des 3000 déportés transférés à Varsovie pour faire disparaître le ghetto juif. Après 9 mois de travail, Pierre et son père quittent Varsovie pour Dachau échappant à la mort grâce à l’audace de Pierre qui prend son père par la main en déclarant en allemand au SS qui commandait l’opération qu’il était prêt à parcourir 100 kilomètres à pied et cela malgré la fatigue et la maladie . C’est ainsi que 4000 déportés quittent Varsovie pour Dachau d’abord à pied puis en train. Il n’en restera que 3000 à l’arrivée. Durant 4 jours, les déportés marchent sur les routes polonaises, usés par la fatigue, rongée par l’envie de boire, frappés par les coups de matraque, déchirés par la douleur. En arrivant à Dachau Pierre va directement à l’infirmerie ; outre, la plante des pieds arrachée, il a une fracture du scaphoïde, due à la faiblesse. Pendant deux mois, il se fait soigner. Puis, il devient infirmier au "revier". Son père n’est pas très loin, dans le même camp, à quelques blocs, en quarantaine. Ils échangent des lettres. Le 29 avril 1945, le camp est libéré par les Américains. Pierre est son père rentrent à Paris en mai 1945 retrouvant le peu qu’il leur reste de la famille et reprenant peu à peu une vie "normale".

Pierre Schillio est le dépositaire d’une mémoire de la déportation et nous le remercions d’avoir témoigné devant une cinquantaine de lycéens qui, dans quelques semaines découvriront ces lieux de mémoire, ces lieux dans lesquels l’empreinte de la souffrance ne les laissera pas indifférents.