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Mémoire(s) de guerre

Terminales ES et L

dimanche 20 septembre 2009, par Corine Budde

Mémoires de l’occupation

On peut considérer qu’il existe 3 phases dans l’évolution de la mémoire de l’Occupation de la France par l’Allemagne durant la Seconde guerre mondiale.

  La première phase

C’est le mythe de la France résistante

Extraits de textes de Robert Aron : "Histoire de Vichy" , 1954.

« L’honneur qu’allègue le maréchal Pétain, c’est l’honneur d’un gouvernement qui a su maintenir les données de son indépendance et protège les populations ; en un mot, c’est l’honneur civique. Celui qu’invoque le général de Gaulle, c’est l’honneur militaire pour qui s’avouer vaincu est toujours infamant.

De ces honneurs, il se peut que l’un soit plus impérieux, plus instinctif, plus spontané. L’autre existe, sur un mode sans doute moins éclatant, mais il est pourtant réel. Le premier correspondait à l’aventure exaltante, mais d’apparence désespérée, dont Charles de Gaulle est l’annonciateur. Le second à l’épreuve lente et douloureuse dont Philippe Pétain ne prévoyait ni la durée ni la fin.

Tous deux étaient également nécessaires à la France. Selon le mot que l’on prêtera à Pétain et à de Gaulle : « le Maréchal était le bouclier, le Général l’épée ».

« Ainsi Montoire ne peut être apprécié seulement comme un acte politique ; son aspect psychologique et humain est peut-être l’essentiel. (...) Il n’a pas suffi à arrêter la pression des occupants, (...) le Maréchal s’y est rendu pour protéger les Français, cette entrevue a causé une des équivoques les plus graves qu’ait connues notre pays, une des atteintes les plus profondes qu’ait subie son unité »

  • Expliquez la thèse du glaive et du bouclier
  • Que signifie "Montoire" (rappel du programme de Première)

 La seconde phase

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La seconde phase (au tournant des années 60-70) voit l’abandon de la tradition résistancialiste avec la sortie d’un film "Le chagrin et la pitié" de Marcel Ophüls et la publication de la thèse de l’américain Robert Paxton "La France de Vichy".

Document vidéo sur le site des Jalons pour l’Histoire du temps présent :

http://www.ina.fr/fresques/jalons/v...

  • Que démontre Paxton dans sa thèse ?
  • Sur quoi se fonde-t-il pour étayer sa thèse ?

Extrait de la thèse de R. Paxton

« Pétain avait de surcroît dans son entourage des hommes […] intelligents et compétents qui ont conduit d’autres hommes à se faire les complices d’un Reich aux abois : la Solution finale, le travail obligatoire, les représailles contre une Résistance de plus en plus énergique. Comment expliquer une erreur de jugement aussi monstrueuse ? […] La vie ne fut manifestement pas plus facile en France que dans les pays d’Europe occidentale entièrement occupés. C’est donc pour d’autres motifs évidemment que les Français se sont laissés entraîner jusqu’au bout sur une mauvaise pente. L’inertie bureaucratique, l’impossibilité de voir quoi que ce soit au-delà de l’efficacité administrative, ont joué sans aucun doute. Mais il y eut surtout l’attrait de la Révolution nationale pour ceux qui en étaient férus . »

Rober Paxton, « La France de Vichy », Seuil, 1973.

A partir de la fin des années 70, mais aussi dans les années 80 et 90 , les « affaires » Touvier et Barbie, puis les procès Bousquet, Leguay et Papon, stigmatisent le passé peu glorieux de la France- « les années noires » de l’occupation allemande- et, donnent l’occasion de parler de la complicité du régime de Vichy dans la mise en œuvre de la « solution finale ».

 La troisième phase

La troisième phase : Après une longue période de gestation, à partir du milieu des années 1990, les gouvernements successifs de Droite comme de Gauche, reconnaissent la responsabilité et la complicité de l’Etat français dans la mise en œuvre du génocide par les nazis.

Document vidéo sur le site des Jalons pour l’Histoire du temps présent : http://www.ina.fr/fresques/jalons/v...

Discours de J.Chirac en 1995 commémorant la rafle du Vel d’Hiv.

Il est, dans la vie d’une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l’idée que l’on se fait de son pays. Ces moments, il est difficile de les évoquer, parce que l’on ne sait pas toujours trouver les mots justes pour rappeler l’horreur, pour dire le chagrin de celles et ceux qui ont vécu la tragédie. Celles et ceux qui sont marqués à jamais dans leur âme et dans leur chair par le souvenir de ces journées de larmes et de honte.Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l’occupant a été secondée par des Français, par l’Etat français. (…)

La France , patrie des Lumières et des Droits de l’Homme, terre d’accueil et d’asile, la France , ce jour-là, accomplissait l’irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. Conduites au Vélodrome d’hiver, les victimes devaient attendre plusieurs jours, dans les conditions terribles que l’on sait, d’être dirigées sur l’un des camps de transit - Pithiviers ou Beaune-la-Rolande - ouverts par les autorités de Vichy. L’horreur, pourtant, ne faisait que commencer. (…) Nous conservons à leur égard une dette imprescriptible. (…) Cinquante ans après, fidèle à sa loi, mais sans esprit de haine ou de vengeance, la Communauté juive se souvient, et toute la France avec elle. Pour que vivent les six millions de martyrs de la Shoah. Pour que de telles atrocités ne se reproduisent jamais plus. Quand souffle l’esprit de haine, avivé ici par les intégrismes, alimenté là par la peur et l’exclusion. Quand à nos portes, ici même, certains groupuscules, certaines publications, certains enseignements, certains partis politiques se révèlent porteurs, de manière plus ou moins ouverte, d’une idéologie raciste et antisémite, alors cet esprit de vigilance qui vous anime, qui nous anime, doit se manifester avec plus de force que jamais. Transmettre la mémoire du peuple juif, des souffrances et des camps. Témoigner encore et encore. (…) Reconnaître les fautes du passé, et les fautes commises par l’Etat. Ne rien occulter des heures sombres de notre Histoire, c’est tout simplement défendre une idée de l’Homme, de sa liberté et de sa dignité. C’est lutter contre les forces obscures, sans cesse à l’oeuvre. Certes, il y a les erreurs commises, il y a les fautes, il y a une faute collective. Mais il y a aussi la France , une certaine idée de la France , droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Cette France n’a jamais été à Vichy. (…) Ces valeurs, celles qui fondent nos démocraties, sont aujourd’hui bafouées en Europe même, sous nos yeux, par les adeptes de la "purification ethnique". Sachons tirer les leçons de l’Histoire. N’acceptons pas d’être les témoins passifs, ou les complices, de l’inacceptable.

  • En quoi le discours de J. Chirac marque-t-il une rupture concernant les responsabilités françaises dans la déportation et la Shoah ?